Une battue à laquelle participaient 300 chasseurs Gardois au début du mois s'est soldée par le massacre de 3,000 foulques, soit la moitié des oiseaux remisés sur l'étang de la commune de Vauvert. Avec de tels amis, la chasse du gibier d'eau en France n'a pas besoin d'ennemis, et vous ne m'en voudrez sans doute pas de reproduire dans ces pages un communiqué de presse de la LPO Nationale qui retrace cet épisode honteux emprunté à des pratiques d'un autre temps.
Voici le texte intégral du communiqué de presse de la LPO Nationale publié le 22 Novembre.
Une battue de foulques de grande ampleur s'est déroulée le dimanche 5 novembre dernier sur l'étang du Charnier (petite Camargue gardoise, commune de Vauvert) avec la participation d'environ 300 "chasseurs". La technique consiste à faire envoler les foulques à l'aide de personnes en barquet (petite barque) qui sortent des roseaux. A force d'être dérangées de toute part, elles finissent par décoller et passent sur les lignes de tir. Comme les foulques sont très attachées à leur remise, c'est-à-dire l’étang où elles séjournent pour l’hiver, elles reviennent pour tenter de s’y poser, ce qui explique la facilité du tir et de tels tableaux.
L'an dernier, la battue avait permis de "prélever" près de 5 000 foulques. Certains participants parlent de 3 050 foulques ramassées cette année sur les 6 000 à 7 000 remisées sur l'étang. En deux heures de temps, la moitié des effectifs de la remise a été exterminée. L'après-midi, des personnes sont chargées d'aller ramasser les derniers cadavres : les chasseurs appellent ces personnes des "croque mort" ! Mais la quantité d’oiseaux blessés abandonnés sur l’eau et probablement perdus à jamais en a choqué plus d’un parmi les participants.
Les battues de foulques dans le reste de la Camargue ne se font quasiment plus : les chasseurs saintois ont arrêté pour des raisons éthiques. Cela se pratique encore sur quelques marais privés, mais avec des tableaux moins importants. Ce qui se produit sur l'étang du Charnier est à la fois exceptionnel et scandaleux. Autrefois, les oiseaux morts étaient donnés aux hospices mais aujourd’hui, personne n’en veut plus car ils sont difficiles à plumer puis à cuisiner et la chair garde un goût ce vase. C’est ainsi qu’une grande partie de ces malheureuses foulques sont purement et simplement jetées… aux déchets.
La LPO tient ces informations de plusieurs chasseurs qui souhaitent garder l’anonymat. Ils considèrent que de tels tableaux sont dénués d'éthique, font beaucoup de tort à la chasse et souhaitent que ces massacres cessent. Ils ont également indiqué qu'une deuxième battue était prévue dimanche prochain pour finir d'anéantir la remise.
Suite à une certaine émotion locale, l’information est remontée jusqu’à Paris et, aux dernières nouvelles, la prochaine battue serait annulée ou reportée. La Ligue pour la Protection des Oiseaux rappelle que de telles pratiques n’ont rien d’illégal aujourd’hui et que le seul moyen du lutter contre ce scandale est d’instaurer un prélèvement maximal autorisé (PMA) par chasseur pour toutes les espèces chassables : une réglementation que de très nombreux chasseurs appellent de leur vœux pour enrayer les abus d’une minorité extrémiste qui leur font beaucoup de tort.
Loin de la prose outrancière dont les communications habituelle de la LPO Nationale à l'encontre des chasseurs est truffée, ce texte n'a besoin d'aucun artifice pour provoquer l'écoeurement. Mais à l'heure des expériences d'Avifauna sur le Prélèvement Biologique Evolutif et alors que des menaces sérieuses pèsent sur la poursuite de la chasse des barges à queue noire, les excès commis au nom des traditions ne sont pas aceptables, ni excusables, ni supportables.
J'ai tenté à de maintes reprises de joindre les associations de chasse locale pour avoir leur version de l'histoire, en vain. Et lorsque j'ai fini par joindre un responable hier soir, l'échange s'est terminé par une bordée d'injures. Sans commentaires, donc.
J'attends avec impatience la réaction de l'ANCGE dont les dirigeants disposent avec ce fait divers désolant d'une occasion unique d'engager l'association sur le chemin de la modernité en condamnant officiellement ce massacre stupide.
En colère? Oui. C'est rare, mais j'ai tellement honte...
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