Il y a quelque chose de surréaliste dans la coïncidence entre la découverte d'un oiseau porteur du H5N1, les mesures de confinement, la manifestation avortée des chasseurs à Amiens et la fermeture des forums de la Hutte Virtuelle. Si je ne crois pas une seconde à l'idée d'un complot contre les sauvaginiers je me dis que la mort d'un cygne dans l'Ain ne pouvait pas mieux tomber pour ajouter à la confusion dans laquelle baignent les chasseurs de migrateurs depuis le 25 octobre 2005.
Prenons les faits dans le désordre du feuilleton.
Une manifestation des chasseurs de gibier d'eau, non déclarée et donc préventivement (!) interdite par la préfecture de la Somme, n'a pas eu lieu à Amiens samedi dernier. Ce projet de rassemblement, qui est né dans les forums de la Hutte Virtuelle n'a pas - ou peu - été relayé par les ACM et les fédérations*. Pourtant, la mobilisation des chasseurs autour de cette manifestation n'avait rien de virtuel aux yeux des autorités. La médiatisation ce ce non-événement et le déploiement de forces dans les rues d'Amiens samedi en disait long sur deux points :
- Notre colère toujours prise au sérieux par les autorités tant à cause de notre poids politique, qu'en raison du risque que nous représentons dans l'imaginaire collectif. Nous devrions garder en mémoire ce 18 février pour de prochaines actions, ou pour de futures négociations sur l'avenir de la chasse : dans une société qui a le risque en aversion, savoir faire peur est un argument de poids qui prévaut sur toute les constructions rationnelles.
- L'adoption des nouveaux médias - SMS, internet, blogs, etc. - par les chasseurs de gibier d'eau a inspiré une mobilisation d'envergure que seul l'amateurisme du procédé a empêché de transformer en une manifestation sérieuse. J'espère de tout coeur que "nos représentants" vont s'inspirer de cette puissance de mobilisation pour les actions futures... et que les individualismes cèderont un temps devant la capacité qui est la notre à jouer collectif.
Le renouvellement des bureaux des ACM a lieu dans les mois qui viennent, le devoir de vote, ici comme ailleurs est une question de bon sens. Cela dit la période qui s'ouvre est sombre tant la menace de pandémie risque d'être associée au besoin de "trouver des coupables". Les chasseurs de gibier d'eau, en la matière ont le profil parfait et l'exemplarité doit guider tous nos comportements.
- Sur la question du confinement, je ne sais pas encore comment je vais faire... mais je vais répondre aux nouvelles exigences édictées par le gouvernement tout en ayant à l'esprit le fait qu'il ne s'agit que de poudre aux yeux.
- Seule la vaccination des élévages - de volailles comme d'appelants - a du sens, et cette revendication devrait être la première de toutes. Elle ouvrirait la porte à un respect de la loi sur la détention d'animaux - et de ce fait, à la disparition d'un des arguments qui nous est le plus souvent opposé - et surtout, elle permettrait de revenir à un usage normal des appelants.
Sur cette dernière question, il faut que nous nous préparions au pire : que la chasse des migrateurs soit purement et simplement interdite pour des raisons sanitaires évidentes. Je n'y crois pas encore mais je commence à avoir peur. Que faire ? Quoi qu'il arrive, continuer à payer ma cotisation aux ACM dont je suis membre pour leur permettre d'exister et de renouveler les baux du DPM. Ensuite, on verra.
J'essaie simplement ici de formaliser les contradictions d'une situation qui m'empêche de penser sereinement à cette chasse qui me passionne et surtout de définir ma ligne de conduite pour les mois à venir. Libre à vous de ne pas être d'accord et d'enrichir ce point de vue, la rubrique commentaires vous est ouverte et je ne censurerai rien pour laisser le débat ouvert.
Bonne journée, et bon courage,
Nicolas
* un bémol cependant pour l'ACM de la Baie de Seine et la fédération des chasseurs du Nord dont l'engagement dans ce mouvement était indéniable.
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